🔋 La batterie : star de la décarbonation (1/2)
🙅♂️ En bonus : top 10 des erreurs que nous avons commises en lançant Pulp
Bonjour à tous, moussaillons du navire Earth,
On vous propose aujourd’hui un format un peu différent des précédentes éditions. Nous allons vous raconter nos explorations dans le domaine de la batterie, en suivant pas à pas le chemin que nous avons parcouru jusque là. Histoire de vous plonger un peu plus dans notre quotidien d’entrepreneurs en quête de la prochaine idée d’entreprise.
Les explorations sur ce secteur qui feront l’objet de deux éditions tant il y a de choses à dire !
La feuille de route pour cette édition 🗺️ :
nos explorations sur la batterie, étape par étape 👣
comment fonctionne une batterie électrique
la batterie électrique en chiffres
le moment formation : 10 erreurs qu’on a commises en montant Pulp (et qu’on voudrait que vous évitiez) 🙅♂️
Suite à quelques retours on a essayé de faire un peu plus court cette fois-ci, n’hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez !
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On ne coupe pas aux bonnes habitudes, avec le bilan de nos efforts sur ce mois (intense !) :
☕️ 115 rendez-vous/cafés/calls avec des experts/entrepreneurs/cibles potentielles (+47 depuis la dernière édition)
📃 248 documents lus/podcasts écoutés/vidéos visionnées (+22)
💡 103 idées d’entreprise (+23)
Notre intérêt pour le domaine des batteries n’est pas tout récent. Toutes les réflexions autour du climat mènent tôt ou tard à ce sujet, tant la technologie est centrale pour la décarbonation de nos sociétés. Mais c’est en explorant les opportunités présentées par le camion électrique que nous nous sommes véritablement intéressés au secteur.
Après avoir creusé nos idées dans le camion, nous avons décidé de nous plonger à fond dans les batteries.
1. Explorons ensemble les batteries
Pour attaquer le sujet, voici comment nous nous y sommes pris (avec le temps que l’on consacre à chaque étape) :
“cours sur les batteries 101” : qu’est-ce qu’une batterie et comment ça fonctionne ?
regarder des vidéos YouTube (2h)
suivre des cours en ligne (4h)
mieux comprendre le marché
se documenter via des rapports d’experts, de cabinets de conseil… (4h)
écouter des podcasts (4h)
lire des articles (10h)
avoir un mapping des acteurs du marché en Europe, de la chaîne de valeur et identifier les pains/opportunités
faire des rdv/calls avec des experts dans le secteur (40-50h)
lire les sites et les blogs des différents acteurs (10h)
confirmer les pains identifiés
faire des rdv/calls avec de potentiels clients (50h+)
👉 les points 3 et 4 seront traités dans la prochaine édition de la newsletter.
Qu’est-ce qu’une batterie ?
On a ainsi appris (ou on s’est rappelé, c’est selon…) qu’une batterie, c’est tout simplement une petite boîte qui transforme l’énergie chimique en énergie électrique, autrement dit c’est une réaction chimique qui produit une circulation d’électrons, ie un courant électrique.
Cette petite boîte est constituée de
deux électrodes : l’anode (électrode négative ➖) et la cathode (électrode positive ➕)
l’anode (➖) peut être constituée de lithium, de nickel ou de zinc par exemple : des éléments qui ont tendance à céder des électrons
la cathode (➕) peut être constituée de phosphate de fer ou de dioxyde de cobalt par exemple : des éléments qui ont tendance à attirer des électrons
et de l’électrolyte : une sorte de gel dans lequel baignent les électrodes et qui permet aux ions de circuler
Les ions ? Pas les électrons ? On vous explique tout. Accrochez-vous pour 1 minute de cours de chimie 🧪

La réaction qui permet de créer du courant se passe comme suit :
lorsqu’on relie les deux électrodes au moyen d’un fil conducteur (un fil de cuivre par exemple), on permet aux électrons de s’échapper depuis l’anode (➖) vers la cathode (➕) : on a du courant électrique ⚡️ !
les atomes de lithium ont donc perdu leurs électrons (qui sont des petites charges négatives) et se sont transformés en ions Lithium positifs : à l’anode (➖), “l’équilibre des charges” est rompu, ie l’anode (➖) est chargée positivement
pour rétablir l’équilibre, les ions Lithium + partent de l’anode (➖) dans l’électrolyte (le gel) : l’équilibre des charges est rétabli à l’anode (➖)
dans le même temps, du côté de la cathode (➕) : les électrons en provenance de l’anode (➖) ont eux aussi rompu “l’équilibre des charge” de la cathode (➕)
pour rétablir cet équilibre, les ions Lithium + qui se baladent dans notre électrolyte sont réceptionnés par la cathode (➕)
Ouf, on a terminé…
Toute cette réaction, appelée réaction d’oxydo-réduction ou “redox”, constitue une batterie qui se décharge, c’est-à-dire qu’elle donne du courant. Si on imagine une petite lampe branchée à notre fil conducteur, la lampe serait allumée 💡
Et vous l’avez deviné : la réaction inverse permet donc à la batterie de se charger.
Bien sûr, les batteries qui alimentent nos smartphones et nos voitures électriques sont un peu plus complexes que cela. Mais le principe reste le même.
Si vous souhaitez en savoir plus :
on vous encourage chaudement à visionner cette vidéo sur les batteries Lithium-ion de la chaîne The Limiting Factor avec de magnifiques animations 🍿
et pour aller encore plus loin, vous pouvez suivre les cours en ligne de la Battery University
Après avoir bien en tête le fonctionnement d’une batterie, nous avons cherché les ordres de grandeur pour mieux comprendre ce vaste univers. Combien coûte une batterie ? Quelle est l’autonomie d’une voiture électrique ? A quoi servent les batteries dans le monde ? Quelle est la taille du marché ?
Les batteries en chiffres
Pêle-mêle, voici quelques chiffres du monde de la batterie 🧐
Le marché de la batterie électrique sur toute sa chaîne de valeur dans le monde : de 85 Mds$ en 2022, il devrait connaître une énorme croissance pour atteindre 400 Mds$ en 2030 (x5 en 8 ans !!).
On appelle cela une “mega-trend” en jargon business, c’est-à-dire une tendance qui a des effets à l’échelle mondiale. Typiquement le genre de phénomène dont les entrepreneurs raffolent ! Un peu comme l’intelligence artificielle récemment, ou les smartphones dans les années 2000-2010.

Lien vers le rapport de McKinsey sur le marché de la batterie, qui nous a été très utile.
La capacité d’une batterie de voiture électrique Tesla Model S (ie la quantité d’énergie qu’elle peut stocker) est de 100 kWh (kilo watt heure).
Une capacité d’1 kWh, cela signifie qu’une batterie peut fournir 1000 watt pendant 1 heure.
La capacité représente la quantité d’énergie qu’une batterie peut emmagasiner. Plus la capacité est grande, plus l’autonomie de la voiture est grande.
Son autonomie annoncée par le constructeur est de 650km (en réalité c’est un peu moins lorsque l’on alourdit la voiture avec des passagers et des bagages).
Pour un temps de charge qui oscille entre 24h (charge lente) et 30 minutes (superchargeur).
Le prix d’une batterie électrique de voiture ? Environ 10 000€, mais il peut varier entre 5 000€ et 20 000€ en fonction de sa taille, des innovations technologiques etc.
Sources : Tesla, Automobile Propre, Model Sport
Les usages de la batterie électrique Lithium-Ion dans le monde en 2023 (répartition de la capacité totale disponible sur le marché) :
55% : véhicules électriques pour particuliers
16% : véhicules commerciaux
9% : véhicules hybrides
6% : électronique grand public
4% : systèmes de stockage d’énergie stationnaires
5% : autre (véhicules basse vitesse, véhicules à deux roues…)
On constate que les batteries électriques servent principalement à alimenter notre mobilité ; constat qui devrait perdurer dans le temps.

Lien vers le rapport de Roland Berger sur le marché de la batterie Lithium-Ion
L’empreinte carbone d’une voiture électrique en France est 3 à 4 fois plus faible que celle d’une voiture thermique. C’est beaucoup beaucoup plus propre 💪
Quand on considère l’ensemble du cycle de vie d’une voiture électrique, ce sont principalement sa batterie ainsi que sa fabrication et sa fin de vie qui polluent. Mais ces émissions de gaz à effet de serre sont largement compensées par son usage (à condition que la voiture roule un certain nombre de kilomètres bien sûr).
A l’inverse, c’est l’usage qui émet le plus chez une voiture thermique - autrement dit la consommation d’hydrocarbures.

Différentes technologies et matériaux sont utilisés pour fabriquer les batteries électriques, en particulier pour la cathode. En effet l’anode est composée de graphite pour les principales technologies actuelles, et il semblerait que cela reste le cas à l’avenir. C’est donc autour de la cathode que tout le débat a lieu.
Pour les véhicule électriques, on identifie trois principales chimies de batterie litihium-ion à la cathode :
LFP composée de Lithium Fer Phosphate
NMC (ou LNMC ou encore NCM) composée de Lithium Nickel Manganese Cobalt Oxide
NCA (ou LNCA) composée de Lithium Nickel Alimunium
Une tendance semble faire consensus : l’usage du cobalt devrait être de plus en plus réduit, étant donné que son extraction a généralement lieu dans des régions où le respect des droits de l’homme et les enjeux environnementaux ne sont pas une priorité (le Congo notamment).
A noter que les batteries de nos smartphones sont généralement des batteries LCO composées de Lithium Cobalt Oxide (smartphones qui pour rappel représentent une toute petite partie du marché des batteries électriques).
Sources : S&P Global, Flash Battery, The Assay,
Tous ces chiffres donnent le tournis 😵💫 et il y aurait encore tellement à dire…
On vous raconte la suite de nos explorations sur les batteries (rendez-vous avec des experts et des potentiels clients, les pains identifiés)… à la prochaine édition de la newsletter !
[Le moment formation] Top 10 erreurs que nous avons commises en lançant Pulp
On a cherché ici à lister les erreurs commises dans le développement de notre 1ère startup Pulp, pour éviter que les graines d’entrepreneurs parmi vous ne les répètent.
Ne pas se former rapidement sur les sujets clefs
Nous avons mis 6 mois avant de nous former à la vente. Or les premiers commerciaux dans une entreprise sont les co-fondateurs. Si vous lancez votre entreprise, vous n’y couperez pas ❌
Pour se former rapidement, il faut au plus vite trouver des fondateurs de startups plus avancées dans la même industrie pour vous donner les bonnes pratiques, vous aiguiller vers les bons contenus de formation et vous expliquer les spécificités du marché. Par exemple, nous avons eu la chance d’être accompagnés entre autres par Thibault Desplats, co-fondateur de Skello et de Flynt, une référence absolue dans le commercial qui a énormément d’expériences dans la construction d’un pitch de vente et d’une équipe commerciale, en particulier dans la restauration. Nous n’aurions pu rêver mieux comme expert pour nous former.
Ne pas avoir le bon mentor
Un bon mentor, pour des entrepreneurs, c’est une personne qui est/a été entrepreneur, qui a donc vécu exactement la même chose et qui peut donner des conseils en lien avec ce vécu.
Nous avons fait l’erreur d’appliquer parfois les conseils de “VP X” de tel grand groupe, ou de “Chief X Officer” de telle scale-up qui, bien que très compétents dans leurs domaines, n’ont souvent pas en tête les problématiques très spécifiques d’entrepreneurs.
“L’important c’est de bien structurer la donnée de ton CRM”. Non. L’important c’est de trouver le product market fit, that’s it 🎯
Nous avons eu la chance, par la suite, d’être accompagnés par d’excellents mentors - Josef Bovet (co-fondateur de Tiller) par exemple. Sans eux, nous n’aurions pas pu réussir 🙏

Les associés : s’il y a un doute, il n’y a pas de doute
Au début de l’aventure Pulp, nous n’étions pas trois associés, mais quatre. Rapidement, nous avons eu des doutes sur le quatrième associé, en charge du développement informatique : manque d’engagement dans le projet, des expériences d’entrepreneur passées pas toujours claires, manque de compétences,… pourtant nous avons persévéré avec lui.
Jusqu’au jour où cet associé nous a plantés, six mois après le lancement. Sans rien nous laisser du projet, du code informatique, de notre site internet, ni même de nos boîtes mails. Un désastre, alors que nous venions de signer notre tout premier client (Big Fernand !) 😰
Malgré tout, cette épreuve, qui aurait pu tuer le projet, nous a soudés. Et nous a appris une bonne leçon : s’il y a un doute par rapport à un associé, une recrue,… c’est qu’il n’y a pas de doute, ce n’est pas la bonne personne.
Chercher des incubateurs plutôt que des clients
C’est une erreur classique des entrepreneurs en herbe : se distraire avec la recherche d’incubateurs (ou dans des événements, salons, conférences,…) plutôt que de faire du développement commercial.
Il est bien sûr important de trouver des bureaux, le moins cher possible au début pour brûler le moins d’argent possible. Mais on vous recommande d’y passer un minimum de temps, pour se concentrer - au risque de se répéter - sur les clients.
Prendre un avocat qui n’est pas spécialisé en start-up pour rédiger les statuts de l’entreprise
Nous avons fait rédiger nos statuts d’entreprise par une avocate qui n’avait jamais accompagné de startup. Elle était très compétente, venait d’un cabinet renommé et notre quatrième associé semblait avoir un bon feeling. Résultat : nos statuts étaient bien trop complexes, et peu adaptés à notre structure. Nous avons ainsi dû les refaire de A à Z lors de notre 1ère levée de fonds.
Pour toutes les problématiques légales, on vous recommande de choisir des cabinets ou des solutions spécialisés en start-up (comme Bold ou Legalstart) qui connaîtront les pratiques de marché et sauront vous aiguiller - à un prix raisonnable en général.
Bosser sans s’arrêter et se cramer
Les 18 premiers mois de Pulp ont été marqués par un rythme effréné de notre part : de 8h30 à 22h tous les jours, sans week-end ni de vacances. Avec quelques “mental breakdowns” (des “craquages” faute d’une meilleure traduction) à la clef. Mais il faut savoir prioriser au maximum son travail, et reconnaître les signes de grosse fatigue pour ne pas se cramer trop vite.
Monter une entreprise demande énormément de temps et d’efforts, nous ne saurions pas dire le contraire. Mais cette course s’apparente plus à un marathon qu’à un sprint : il faut plusieurs années pour monter un vrai business 🏃♂️
S’entêter sur sa solution, en passant à côté de signes du marché
Peu de temps après nos débuts sur Pulp, nous nous sommes rendus compte d’un problème significatif pour nos clients restaurateurs : la multitude de plateformes de livraison et de commande en ligne devenait rapidement ingérable. Nous avons donc décidé de nous passer de tablette et d’imprimer directement sur l’imprimante des restaurateurs en cuisine ! Idée géniale ? Pas vraiment…
Un peu plus tard est sortie une solution qui a révolutionné l’industrie : Deliverect, un logiciel qui permet de rassembler les commandes de toutes ces plateformes sur une seule interface pour faciliter leur gestion par le restaurateur. Très rapidement, cet acteur s’est imposé comme une évidence et est devenu un géant du secteur.
En rétrospective, nous n’avons aucun regret à avoir lancé Pulp. Mais si nous avions été plus attentifs, nous aurions peut-être pu lancer une idée digne d’une licorne 2 ans avant.
Ne pas demander de référence dans les process de recrutements
Les premiers recrutements en startup sont clefs tant leur impact est important sur l’entreprise. Nous avons malheureusement fait parfois (rarement) de mauvais choix.
En particulier, nous avons recruté une personne qui avait en fait une très mauvaise conscience professionnelle : absentéisme, manque d’implications et de motivation… erreur de recrutement que nous aurions pu éviter si nous avions contacté son précédent employeur, où elle avait adopté un comportement identique. Trois mois de perdu.
Nous avons bien retenu la leçon : systématiquement faire un “reference call” avant de valider un candidat 📞
Sous-estimer l’impact du ciblage
Trouver et redoubler d’effort sur son “ICP” (Ideal Candidate Profile, ie le profil de la cible adaptée à son produit) doit être une priorité absolue durant le lancement d’un projet.
Nous nous sommes parfois concentrés sur la vente et la rétention de clients qui n’étaient pas dans notre coeur de cible (des restaurateurs qui font très peu de vente à emporter par exemple), et qui nous ont fait perdre beaucoup de temps. Aussi, ces clients plombent parfois vos métriques et vous font prendre de mauvaises décisions quant à l’orientation de votre produit.
In fine, pour une légère augmentation du CA à court-terme, ces clients représentent plus d’efforts pour convaincre, une satisfaction plus faible que pour les autres clients, et donc un taux d’attrition (churn) plus élevé 📉
Partir en levée de fond trop tôt
C’est plutôt une erreur que nous avons failli faire - mais on voudrait tout de même que vous l’évitiez donc on vous en parle.
Nous avons eu l’opportunité de lever 100K€ pour se diluer à hauteur de 10% dès le tout début. Un deal qui ne paraît trop mal pour de tout jeunes entrepreneurs, mais il existe des alternatives bien sûr pour chercher des montants de cet ordre de grandeur. En particulier, les subventions BPI, les prêts d’honneur Réseau Entreprendre/Wilco et autres financement via des accélérateurs/organismes en France permettent souvent de financer à coût 0 et sans se diluer les premières dépenses et de se confronter au marché rapidement avant une levée plus importante.
A noter : certains projets ne peuvent faire autrement que de lever des fonds très tôt… et c’est comme ça !
🙏 Merci d’avoir lu cette 1ère édition consacrée aux batteries ! La suite lors de la prochaine édition.
N’hésitez pas à mettre un petit like ou un commentaire pour nous dire ce que vous en pensez, ça nous aide énormément !
Et on vous sollicite pour un dernier petit service : on cherche en ce moment à interviewer des experts du secteur des bornes de recharge pour véhicules électriques, faites-nous signe si vous en connaissez 👋
Peace ✌️
Antoine, Arnaud et Olivier
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